LSD: Que fait le maire ? 4/4 Loos-en-Gohelle, un maire dans la transition démocratique
- Écrit par Luc L.
A Loos-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais, à quelques kilomètres d’Hénin-Beaumont et en plein territoire frontiste, le maire Jean-François Caron expérimente depuis près de vingt ans des processus de codécision avec ses habitants.
"A Loos-en-Gohelle, on n'arrête pas de rêver ! On a lancé l’inscription du bassin minier à l’Unesco. Grâce à des choses qui sont parties de Loos-en-Gohelle, on peut dire que l’histoire des mineurs vaut l’histoire des rois ! "J. F. Caron
Comment associer les habitants aux décisions municipales et encourager la participation citoyenne ? Loos-en-Gohelle, ville en transition du Pas-de-Calais imagine depuis 20 ans des outils participatifs.
"Je ne suis pas pour la démocratie directe, parce que je pense qu'il y a une responsabilité à la décision. Et la décision, il faut la prendre. Et notamment sur un plan juridique, en tant que maire, si je me plante je vais en prison." J.F. Caron
Lorsque le dernier puits de mine ferme à Loos-en-Gohelle (7000 habitants), dans le département du Pas de Calais, en 1986, les ravages sur la nature et les Hommes causés par l’exploitation du charbon laissent une ville exsangue. Le maire de l’époque Marcel Caron puis son fils Jean-François Caron qui lui succède, se saisissent de cette situation pour imaginer, dans ce paysage de terrils et de friches industrielles ravagé par le chômage et la pauvreté, un autre destin à la ville, qui valorise ce passé minier et se tourne à la fois vers la transition écologique. Un travail de résilience à l’échelle d’une ville. Avec comme manière de procéder la recherche perpétuelle de la participation des habitants. Toutes les décisions municipales sont débattues et décidées en concertation avec les habitants et l’équipe municipale pratique la co-décision. Si dans la ville de Loos-en-Gohelle, proche de Hénin-Beaumont, le vote FN est fort lors des scrutins nationaux (57%), il l’est beaucoup moins que dans les communes alentour où il peut monter jusqu’à 73%. Pour Jean-François Caron c’est le résultat de la citoyenneté active encouragée par l’équipe municipale et dont se sont saisis les habitants qui ont retrouvé du pouvoir d’agir.
"Plus les gens sont impliqués en citoyenneté, moins ils votent FN". J.F. Caron
Avec Jean-François Caron, maire EELV de Loos-en-Gohelle ; Francis Maréchal, adjoint chargé des travaux et de l’énergie ; Christine Stiévenard, adjointe chargée de la culture et de la citoyenneté ; Patricia Rincheval, habitante bénévole à la maison de quartier ; Audrey Majchrowicz, nourrice agréée à Loos-en-Gohelle.
Une série de Martine Abat, réalisée par Julie Beressi
LSD : Que fait le maire ? 3/4 Le Puy-Saint-André, un maire dans la transition écologique
- Écrit par Luc L.
Au Puy-Saint-André, le maire se saisit de tous les outils possibles pour imaginer un destin durable et résilient à son village et plus largement à son territoire. Ses actions touchent tous les domaines : énergie, déchets, préservation des terres, habitat, alimentation.
"Je pense que les élus ont piqué la démocratie et les citoyens étaient bien contents. Quelque part il y a eu une espèce d’arrangement." P. Leroy
Partout sur le territoire, des maires revendiquent leur pouvoir de faire. Ils imaginent des solutions, rêvent leur ville avec les habitants, impulsent la participation citoyenne. Ils se sont déjà saisis à l’échelle de leur cité, des grands enjeux liés à l’effondrement planétaire. Ils accompagnent les habitants dans le changement des habitudes en matière de mobilité, d’alimentation, d’énergie, ils sont déjà dans une démarche avancée de transition écologique et démocratique. Ils pourraient dès lors constituer de véritables laboratoires miniatures inspirants à l’échelle nationale.
"En France, on veut que les maires soient responsables, disponibles, compétents et bénévoles !" P. Leroy
"Les services municipaux ont baissé de 30 % leur consommation d’énergie. On a communiqué là -dessus. On a travaillé sur l’éclairage, l’énergie. On a été chercher toutes les pistes." P. Leroy
La transition écologique imaginée à l’échelle locale, c’est un village qui sous l’impulsion de son maire Pierre Leroy, prône la sobriété, produit sa propre énergie, remunicipalise la gestion des déchets, recherche l’autonomie alimentaire, contient son étalement afin de préserver les terres. Ce petit village c’est Le Puy-Saint-André perché dans le département des Hautes-Alpes, un peu moins de 500 habitants mais beaucoup de projets et d’idées.
LSD : Que fait le Maire ? 2/4 Tournus, putsch citoyen à la mairie
- Écrit par Luc L.
De nombreuses petites villes vivent une dévitalisation de leur centre-bourg, parfois à la suite de décisions municipales inappropriées. Récit à Tournus d’un mouvement citoyen opposé à la construction d’un 5ème centre commercial en périphérie qui a abouti à faire tomber le maire.
"Du moment qu’on a un mandat et qu’on a de l’argent, on dépense comme on veut aujourd’hui en France. Tant qu’on n’est pas en faillite, on fait ce qu’on veut avec l’argent public ! "B. Veau
Des boutiques aux rideaux baissés, des fonds de commerce à vendre ou à louer, des services publics qui ont déserté. Principales raisons de ce phénomène, les modes de consommation des français qui ont changé mais aussi la multiplication des centres commerciaux. La France est le pays d’Europe qui possède le plus de ces surfaces commerciales par habitant. Malgré la prise de conscience, la bétonisation des pourtours de villes avec continue avec la bénédiction des équipes municipales attirées par les promesses d’emploi.
"C’est toujours le même argument, partout en France, quand on construit un centre commercial, c’est l’emploi... Quand on creuse un peu ce n’est plus 400 emplois, puis c’est 300, puis c’est 200 et au final quand on lit les rapports d’études ont détruit plus d’emploi que ceux qu’on crée." B. Veau
A Tournus (6000 hab.) en Saône et Loire, le maire avait prévu un cinquième centre commercial de taille disproportionnée à la périphérie de sa ville. Les habitants se sont constitués en association au printemps 2017 et à force de lutte ont obtenu sa démission. Des élections ont eu lieu fin 2017 et un nouveau maire issu de ce mouvement citoyen a été élu.
"Ils ont tous bien compris que ce n’était pas uniquement un supermarché supplémentaire mais c’était la mort de la ville." G. Lacroix
Avec Bertrand Veau, maire sans étiquette de Tournus et pharmacien ; Gilles Lacroix, libraire ; Marie-Claude Duxin et Isabelle Magdinier, membre du collectif de défense du cinéma d’art et d’essai de la ville ; Colette Beltjens, ancienne première adjointe au maire ; Hervé Vandroux, garagiste ; Josette Pelletier, citoyenne de Tournus ; Jean-Paul Pin, conseiller délégué à la démocratie locale.
Conseil municipal, le mardi 26 mars à 18h30
- Écrit par Luc L.
A l'ordre du jour, les votes des comptes et de gestion 2018 et le vote du budget primitif 2019.
Compte de gestion: opérations budgétaires et résultat de l'exercice établis par le Trésorier Public (2018)
Compte administratif : opérations budgétaires et résultat de l'exercice etabli par la collectivité (2018)
les compte de gestion et administratif doivent correspondre.
LSD : Que fait le maire ? 1/4 Des maires premiers de corvée
- Écrit par Luc L.
Partout en France, des maires ont décidé de ne pas se représenter aux élections municipale de 2020, confrontés qu’ils sont à une fracture sociale et territoriale face à laquelle ils se sentent dépossédés de leurs moyens d’agir et toujours plus éloignés des processus de décision.
"Globalement, les conseils municipaux sont des beaux moments. C’est vraiment là où se passe cette démocratie dont tout le monde parle aujourd’hui et qui est bien en difficulté. C’est un bel outil." D. Dhumeau
Selon une étude du CEVIPOF, un maire sur deux ne compte pas se représenter aux élections municipales de 2020. Ce chiffre monte à 60 % dans les communes de moins de 1000 habitants. On note aussi une augmentation de 55% du nombre de démissions de maires sur les 4 premières années de cette mandature par rapport à la précédente. Alors pourquoi ce malaise chez les maires de petites communes ? Et cela alors que 40% des français vivent dans une commune de moins de 3000 habitants.
Depuis 50 ans, on considère que la métropolisation, c’est la seule finalité intelligente en matière de développement et de mode de vie... On a facilité la mobilité de métropole à métropole et on a oublié que la France n’était pas que des métropoles. V. Berbérian
Eloignement ou suppression des services publics, regroupements de communes à marche forcée qui les privent de certaines compétences, millefeuille territorial qui éloigne la prise de décision, dévitalisation des centres villes au profit de centres commerciaux démesurés, bétonisation du territoire ; ces élus sont confrontés à des problématiques qui dépassent parfois leur pouvoir d’action mais dont les effets les impactent directement, eux et leurs concitoyens.
"1 citoyen sur 5 est en difficulté avec le numérique et ne peut pas faire les démarches tout seul.... Des gens du village, qui se sont toujours débrouillés seuls, qui étaient autonomes, se sont retrouvés avec cette dématérialisation dans l’obligation de venir en mairie demander de l’aide. Ça c’est une catastrophe dans l’esprit de nos concitoyens." D. Dhumeau
Ce sont les maires ruraux qui sont le plus découragés mais ceux de banlieue ne sont pas en reste. Ce qui les relie ? Un sentiment de relégation, de dépossession, de rupture d’égalité entre les territoires, en matière de services publics et de financement.
"A Chanteloup-Les-Vignes, la collectivité et les associations se substituent à l’action publique, comme dans la ruralité." C. Arenou
Avec Vanik Berbérian, maire sans étiquette de Gargilesse-Dampierre-en-Berry (290 habitants) dans l’Indre, président de l’Association Nationale des maires ruraux de France (AMRF) ; Dominique Dhumeau, maire sans étiquette de Fercé-sur-Sarthe (630 habitants) et pompier professionnel ; Catherine Arenou, maire divers droite de Chanteloup-Les-Vignes dans les Yvelines et ancien médecin pédiatrique.
Une série de Martine Abat, réalisée par Julie Beressi