Stupéfaction, colère… voilà les sentiments et les réactions qui nous ont animés quand nous avons appris à la lecture du dossier sur la ZAC que les maisons individuelles ne seraient pas raccordées au réseau d’eau brute du BRL.
Raccordement qui aurait permis aux habitants d’arroser leurs jardins, de laver leurs voitures, pour ne citer que ces deux exemples avec de l’eau brute et offert l’occasion de réaliser une économie d’eau potable loin d’être négligeable et ainsi de préserver la Nappe astienne.
Se priver de cette possibilité va à l’encontre de tous les efforts faits et exigés pour préserver les ressources en eau potable. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le dossier de la ZAC, plus de 20 000 m3 d’eau potable seraient ainsi économisés par an. Ce qui n’est pas une broutille car si on multiplie sur 13 ans, on arrive à 260 000 m3, soit la consommation d’eau d’une année pour le village.
Sur le lotissement des Grands Pins où chaque maison bénéficie de ce raccordement, ce sont 5 000 à 6 000 m3 d’eau potable qui sont économisés chaque année. Ce choix ancien datant, d’avant 2001, s’inscrivait dans le sens d’une transition écologique rendue déjà à cette époque de plus en plus indispensable.
Aujourd’hui en 2017, alors que nous connaissons une terrifiante sécheresse qui d’après les experts va devenir la norme dans les années à venir, la décision de la majorité est doublement, triplement incompréhensible, et irrecevable tant elle va à l’encontre de toutes les politiques d’économie des ressources en eau potable préconisées.
Mais quelle mouche a bien pu piquer la majorité municipale et l’a conduite à renoncer à cet approvisionnement ? Comment expliquer qu’il faille aller chercher d’autres sources d’approvisionnement en eau potable pour avoir le droit de construire et renoncer d’un autre côté à faire des économies substantielles de cette même eau ?
Le label d’écoquartier que l’on veut donner à ce nouveau quartier ne serait-il qu’une coquille vide dont on se targuerait pour nous abuser ou un gadget pour gogos ?
Aujourd’hui, devant l’urgence et la crise des ressources en eau que nous allons connaître, chaque permis de construire devrait logiquement être assujetti à ce double accès à l’eau potable et brute dès que cela est possible. En l’occurrence sur la ZAC Sainte Anne c’est le cas puisque l’eau brute est disponible sur le site…et cela ne devrait pas se traduire par une hausse des coûts exorbitante puisque l’enfouissement des réseaux peut se faire dans le même temps.
Il est d’ailleurs incompréhensible que ce choix soit validé par le SCOT du Biterrois et le schéma directeur d’alimentation de l’eau de la CAHM.
On se demande quand même à quoi servent ces super schémas directeurs s’ils sont incapables de se traduire par des changements notoires dans l’approche de la gestion des ressources.
Tout cela est effarant et ce qui nous atterre définitivement c’est le silence et l’opacité dans lesquels cela se fait…car cette décision, jamais débattue en conseil municipal puisque ce n’est pas le lieu où les conseillers sont invités à débattre, n’a pas eu davantage le privilège d’être publiée ni expliquée, dans un des nombreux outils de communication dont s’est dotée la municipalité, comme s’il fallait la cacher ou en faire le moins de publicité possible tellement ce choix est déplorable.
Au cours du conseil municipal du 11 décembre 2017, les élus de Mieux Vivre à Portiragnes ont demandé quelles étaient les raisons de ce choix, nous avons eu de la part de M. Pionchon et de Mme le Maire des réponses qui ne nous ont ni convaincus, ni satisfaits. Il nous a été répondu qu’ils avaient fait le choix de doubler l’approvisionnement en eau potable via l’Orb. Or ce n’est pas un choix mais une obligation qui est faite à Portiragnes pour pouvoir continuer de construire. Il fallait le faire obligatoirement. On nous a aussi présenté comme argument qu’il fallait préserver l’eau brute pour l’agriculture et l’arrosage des vignes … un argument qui ne tient pas la route face à la priorité des priorités reconnue par tous de préserver la Nappe astienne. Si nous étions malintentionnés, nous aurions dit qu’il s’agissait là d’une tentative de « noyer le poisson ». Nous espérons que tout n’est pas encore perdu et qu’il est encore temps de revenir en arrière parce que cette décision incompréhensible engage l’avenir et les générations futures. Mais aujourd’hui après ce conseil municipal, nous craignons que tout soit déjà joué et que la majorité municipale ait été incapable d’imposer ces travaux, malgré leurs coûts mesurés à l’aménageur GGL. Et nous commençons à désespérer de faire comprendre l’incohérence de cet abandon au regard des enjeux pour nos ressources en eau et nous nous demandons comment nous pourrons pouvoir continuer d’arborer fièrement sur les façades de nos bâtiments publics le chameau du SMETA, signifiant que notre municipalité est engagée pour la préservation de la nappe astienne.