Printemps 1968, il soufflait alors en France un vent de contestation contre une société rigide et autoritaire. Le mouvement de 68 en appelait à l’utopie et portait en lui une volonté de liberté, d’égalité et de fraternité totale. Crise sociétale, crise politique, 68 fut un des mouvements sociaux français les plus importants par la radicalisation des revendications et des modes d’action.
50 ans plus tard, le « pragmatisme macroniste » donne l’impression que ce temps est fini et bien fini. Tout est en place pour une Restauration sans précédent. La figure du Monarque absolu s’affiche dans tous les magazines et la démocratie attaquée de toute part devient de plus en plus caricaturale si bien que les citoyens sont de plus en plus nombreux à penser que les élections sont « des pièges à cons ».
L’autoritarisme est de retour et les ordonnances s’accumulent sur les bureaux des ministres comme en son temps les Edits royaux. La pensée reste unique et il n’est de salut que dans un libéralisme forcené qui, dans une offensive générale, cherche à liquider les services publics et l’idée de progrès social qui va avec.
Dans le même temps, « la nouvelle aristocratie » vivant dans la peur de voir ses privilèges remis en question, fait ce qu’il faut pour que la peur s’insinue dans les cerveaux de tous les citoyens.
Sous prétexte de sécurité, on encourage à se surveiller les uns les autres et à dénoncer. On crée une société basée sur la surveillance et la ghettoïsation.
Alors en 2018 ne reste-t-il vraiment plus rien de cet esprit de 68 ? Nous n’en sommes pas si sûr. Il n’est qu’à voir tous les mouvements qui naissent un peu partout en France et au-delà . Nombreux sont ceux qui s’engagent, expérimentent, agissent au quotidien, mettent en place des économies parallèles, des circuits courts, des retours à l’agriculture durable, équitable, des monnaies locales, des jardins coopératifs, des habitats partagés, des réseaux d’échanges, des entre aides gratuites…s’investissent dans les syndicats, militent et résistent, par leur action, aux politiques libérales.
Ces multitudes d’actions, d’initiatives et d’engagement sont porteuses du même désir de changement qu’en 68. Reste maintenant à faire en sorte qu’elles se rejoignent autour d’un réel projet politique de renouvellement et de transformation.