A Portiragnes, cet été on a eu le privilège d’avoir sur le blog Portiragnes/actu une campagne sur la propreté. Une grande campagne qui se voulait sans doute de sensibilisation mais qui fut aussi celle de la stigmatisation des actes d’incivilités commis, d’après les articles successifs, entre autres, par des « estrangers ».
Photos à l’appui, très régulièrement, ces actes d’incivilités ont été répertoriés, photographiés, commentés et publiés sur le blog. Certes, la question des ordures ménagères existe bel et bien et on regrette tous de voir des immondices « livrés à la férocité des chats et des chiens errants » et nous offrir une vision d’apocalypse. Mais ce que les photos publiées nous montrent, ce sont surtout des sacs plastiques, des sièges de campings,… abandonnés à côté des poubelles par d’affreux touristes privés de tout sens moral. Bien entendu, nous regrettons cet état de fait, mais cela valait-il une campagne incroyablement dure de la part des communicants de la municipalité ?
Si nous sommes attachés à la propreté de notre commune et à son charme, nous ne partageons pas cette « mise à l’index et cette dénonciation gratuite » qui dédouane à peu de frais sans que soit proposé le début d’une piste de réflexion sur la question. Ce n’est pas en tenant des propos très limites par leur caractère méprisant et en pointant du doigt les touristes français ou étrangers qui ont fait le choix de Portiragnes comme lieu de villégiature que nous leur donneront envie de revenir.
Une attitude plus bienveillante conviendrait sans doute davantage. Elle permettrait ainsi de dépasser les récriminations comme les ressentiments pour interroger les moyens mis en œuvre pour contenir, réduire les « agissements délictueux » de « cette horde sauvage de touristes », qui n’a que faire de ces « pauvres autochtones pourtant si accueillants et prévenants à leur égard ».
On pense, entre autres, au nombre et aux emplacements des poubelles mises à disposition, l’organisation du tri à Portiragnes-plage, l’information de l’Office du tourisme sur la collecte et le tri des déchets faite au moment de l’accueil des touristes, les jours et horaires d’ouverture de la déchetterie, la fréquence du ramassage pendant la saison…

De nombreuses autres pistes de réflexion sont à explorer et on regrette que cette campagne n’ait pas été l’occasion de nous les présenter, prouvant ainsi qu’à Portiragnes on est dans la réflexion et la force de proposition plutôt que dans la lamentation et le dénigrement.
Nous doutons d’ailleurs que la question de la dépose et du ramassage des déchets ne résume à une affaire de citoyenneté. Tout en étant ambitieux sur les objectifs, il vaut mieux rester prudent quant aux résultats attendus. Car avec des durées de séjour de plus en plus courtes, obéissant aux normes d’un tourisme axé sur le loisir et la consommation, on verra de plus en plus des touristes pressés d’arriver et de repartir, incapables ou dans l’impossibilité d’avoir un regard réflexif sur la préservation de leur lieu de séjour et refusant de « perdre du temps » pour se rendre dans une déchetterie dont ils ne sont pas certains qu’elle soit ouverte quand ils s’y rendront.
Seul un tourisme raisonné, tourné vers le développement durable, l’information et la tolérance est en mesure d’inciter à de nouveaux comportements. A nous de nous en donner les moyens.

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