bonne rentreNous sommes à quelques jours maintenant de la date fatidique du 11 mai, date du déconfinement partiel et du retour pour les uns au travail et pour les autres à l'école.

Nous ne parlerons pas de la gestion de cette crise sanitaire et les nombreux problèmes qu'elle a suscités, dans de nombreux domaines allant des services publics à  l'Etat d'urgence, et sur lesquels il sera impératif de revenir si on ne veut pas rater l'opportunité d'opérer les premiers changements économiques, sociaux et environnementaux que la crise exceptionnelle que nous traversons a pointée.

Non, nous voulons évoquer pour l'heure ici la question plus pragmatique de la rentrée des écoles sur Portiragnes.

Avant même de connaître les conditions dans laquelle il a été dit par le ministère et ses services qu'elle se ferait, on doit au préalable s'interroger sur les objectifs de cette rentrée.

Bien sûr, tout le monde a compris qu'il s'agissait avant tout de liberer les parents afin qu'ils puissent retourner au travail et que l'objectif de lutte contre l'inégalité scolaire, n'était dans ce cas qu'un prétexte. Beaucoup de maires et de conseils municipaux se sont exprimés sur leur impossibilité à mettre en oeuvre en si peu de temps les conditions sanitaires satisfaisantes pour pouvoir ouvrir leurs écoles au 11 mai. Un front du refus qui s'argumente sur les incertitudes et le refus fort légitime de ne pas faire prendre, aujourd'hui, des risques aux enfants et au personnel alors que d'autres secteurs économiques comme les restaurants, les cafés vont rester fermés par précaution (voir texte complet ci-dessous). Ils demandent donc un report de la rentrée à une date ultérieure, quand les conditions de la rentrée seront suffisantes et le dépistage de la population sera réalisable.   

Les risques sont effectivement bien réels. Preuve en est que le ministère de l'éducation nationale s'est fendu d'un protocole sanitaire à la réouverture et au fonctionnement des écoles maternelles et élémentaires d'une cinquantaine de pages décrivant toutes les dispositions à prendre pour garantir une sécurité soi-disant suffisante mais d'un niveau encore difficilement mesurable.

Ces dispositions et recommandations dont l'exécution et le contrôle seront à la charge des collectivités, des enseignants et des parents et mises en oeuvre sous leur responsabilité sont d'une grande complexité. Elles requièrent sans doute, de faire des choix en vue de l'organisation de ce temps d'école jusqu'aux vacances. Ce qui suppose au préalable d'avoir pris le temps de la concertation entre les différents partenaires (personnel enseignant, d'entretien, intervenants extérieurs, parents et élus) afin d'y voir un peu plus clair dans ce retour à l'école imposé.

En effet différents objectifs peuvent finalement être poursuivis dans cette reprise :

  • permettre aux parents de retourner au travail,
  • aider les enfants en difficulté scolaire et en mal d'aide en temps de confinement (ce qui ne veut pas dire ne faire venir que ces enfants à l'école),
  • atténuer les effets possiblement négatifs du confinement et de l'isolement,
  • préparer la rentrée de septembre, sur la base d'une rentrée pour tous, en prenant en compte qu'il faudra encore continuer d'utiliser les gestes barrières, la distanciation physique
  • ...

Si l'on veut être le plus efficace possible et si on a décidé, malgré les risques et les nombreuses réticences, de se conformer à ce retour du 11 mai, il convient sûrement, avant toute autre chose, d'avoir défini et choisi avec tous les partenaires, et très clairement le ou les objectifs principaux que l'on veut poursuivre, d'où découlera la forme d'organisation en adéquation et surtout le sens de ce retour à l'école tant pour les parents que pour les enfants et les enseignants.

Pour autant, ceci fait, tous les obstacles ne sont pas levés tant est complexe l'optimisation de la sécurité du retour à l'école. Les entraves et les difficultés se devinent à la lecture de la longue liste d'injonctions établie dans le protocole à l'intention des écoles dont on se dit qu'il ressemble quand même beaucoup (trop) à celui destiné aux entreprises.

Beaucoup de choses sont prescrites tant au niveau du nettoyage que de la désinfection, réclamant des collectivités de forts ou de nouveaux moyens. De plus, une fois ces questions résolues, quand c'est possible parce que la collectivité dispose des ressources humaines et financières pour le faire, il reste beaucoup de contraintes très dures à appliquer : l'entrée et sortie de l'école et des classes, l'isolement des enfants, les circulations à l'intérieur de l'école et même des classes, les règles de distance physique, nécessaires en toute circonstance ; dans les  couloirs, les sanitaires, la cour...

Rien que pour les sanitaires, selon leur organisation spatiale, le lavage et l'essuyage des mains répondant aux préconisations peuvent se révéler très difficiles à exécuter : distance physique, papier d'essuyage individuel...nettoyage et désinfection plusieurs fois par jour. De plus se rajoute la nécessité d'instaurer, si on suit les prescriptions,  des contrôles permanents de l'application de toutes les mesures. 

Ce protocole, en outre, conçu sur les prescriptions sanitaires supposées suffisantes ne tient pas compte des spécificités des d'écoles et des enfants, lieu des apprentissages par excellence, du vivre ensemble en collectivité où l'essentiel des apprentissages se fait à travers les interrelations avec les autres, par le biais des échanges, des jeux et des contacts que ce soit pour les plus petits comme les plus grands qui n'ont ni l'endurance, ni les capacités des adultes.

Restent aussi d'autres problèmes dont ne tient absolument pas compte le protocole comme par exemple, la fatigue due à la vigilance permanente que réclament les gestes barrières et le contrôle sur soi pour les enfants comme les enseignants. Grand est le risque de voir les enfants comme les enseignants, fatigués en fin de journée, être moins à même de conserver la concentration voulue surtout, ici à Portiragnes, où la chaleur dans les classes en cette période de l'année affaiblit les organismes.

La question est donc de savoir comment les enfants vont être capables de tenir le coup dans le temps après plusieurs jours tant les journées peuvent être longues, et grand le besoin, ou la nécessité, d'interagir avec les autres. Difficile en effet pour un enfant de devoir vivre toute une longue journée avec moins de proximité qu'il en a eu pendant le confinement dans sa famille pendant deux mois.

Si l'on suit les prescriptions nécessaires à la sécurité, les enfants devront pendant toute la journée être à même de toujours garder cette distance physique nécessaire d'un mètre avec les autres, de rester sur le qui-vive, privés de tout contact physique et de jeux collectifs en étant sous le contrôle permanent des adultes les encadrant.

Difficile ! Très difficile !  Surtout si l'on songe à la durée que peut prendre la journée pour ceux qui par nécessité fréquenteront en plus le CLAE du matin et du soir et la cantine pour le temps méridien. La tâche, malgré toutes les bonnes volontés du monde peut  devenir aussi lourde qu'irréalisable.

On a donc de quoi s'inquiéter pour les enfants (comme pour le personnel enseignant, communal et associatif) obligés de fréquenter l'école jusqu'à la fin de l'année dans ces conditions et on se demande comment ils supporteront ces multiples contraintes. On n'ose pas évoquer les difficultés de l'école maternelle, où les enfants vivent et font leur apprentissage en permanence en interaction avec les autres et on s'interroge sur ce qu'ils pourront ou auront le droit d'y faire et sur ce que, par la force des choses, les enseignants trouveront à leur faire faire.

Le défi est immense et grandes les responsabilités. Sans savoir à l'heure où nous écrivons ces lignes quels sont les choix qu'a fait la municipalité et le dispositif mis en place pour le 11 mai, on espère et on souhaite que tout a bien été pris en compte et pesé au regard des risques pris par ceux qui, par obligation ou non, enverront leurs enfants à l'école et tous les personnels travaillant dans les écoles et les dispositifs périscolaires.

 

 

 

 

 

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