Nous avons un nouvel hôtel de ville. Exit le centre administratif, nous sommes revenus, comme nous l’avions demandé à une appellation plus conforme à ce qu’est ce bâtiment : une mairie, avec ses services publics, son conseil municipal, son personnel dont on est certain qu’ils bénéficient maintenant de bien meilleures conditions de travail et enfin son maire ou plutôt en l’occurrence, Mme la maire.
Une mairie luxueuse, peut-être surdimensionnée (l’avenir nous le dira) dont Mme la maire est très fière. Une mairie d’une grande modernité, ouverte sur une esplanade d’un beau béton clair offrant (enfin) aux jeunes Portiragnais un nouveau terrain de jeu où ils peuvent pratiquer tous les sports de roues et roulettes. Une esplanade qui a toutes les chances de devenir rapidement très tendance et un lieu d’expérimentation de tous les nouveaux déplacements, électriques ou non, que nous utiliserons bientôt dans notre « ville », comme nous l’appelons de nos vœux.
Il est vrai que les Portiragnais sont en droit d’en avoir pour leur argent…Ce bel équipement a quand même un coût, « une belle somme rondelette », et représente un sérieux investissement pour les Portiragnais et les finances de la commune.
D’ailleurs, on escomptait qu’à ce prix notre nouvel Hôtel de ville soit à même de répondre aux attentes comme aux futures normes qui vont bientôt réglementées les bâtiments publics (2020). Notamment la fameuse norme RT 2020 qui définit les nouveaux standards de la construction et prévoit des constructions produisant plus d'énergie qu'elle n'en consomme. En ce qui concerne la RT 2020, ce n’est malheureusement pas le cas. Nous nous demandons de plus si cette nouvelle mairie n'aurait pas pu porter dans le cadre d'une production d'énergie quelques panneaux solaires avec d'autres bâtiments publics comme l'école, la médiathèque...En tout cas, cela n'a jamais entendu parler d'un tel projet.
Bref, mis à part son luxe, un surdimensionnement possible, une incompatibilité à la RT 2020, quelques manques, deux autres choses nous turlupinent.
La première concerne cette esplanade joliment bétonnée (que nous nous refusons définitivement à appeler «parvis » qui est une place ou une cour située devant la porte principale d’un édifice religieux)*.
Depuis une dizaine d’années, l’Union Européenne à la suite de nombreuses associations et scientifiques s’inquiète de l’imperméabilisation des sols et de leur artificialisation dont on connaît les effets négatifs sur leur fonction naturelle. L'eau ne peut s'infiltrer et le ruissellement s'accentue avec toutes les conséquences négatives que cela produit : inondations, concentration des pesticides dans les cours d’eau, les lagunes, …
De nombreux rapports réalisés entre autres par l’Agence Européenne de l’Environnement (AEE) préconisent pour lutter contre cette artificialisation de recourir à des revêtements perméables au lieu de l’asphalte, du ciment ou du béton. Ainsi, beaucoup de collectivités ont adopté pour les parkings, les places, des techniques permettant une perméabilisation et le drainage du sol.
Est-ce qu’ici à Portiragnes d’autres solutions pour l’esplanade ont-elles été envisagées ? Nous ne le savons pas. Ce qui est sûr c’est que cela n’a jamais été évoqué ni discuté en conseil municipal. Pourtant, Il y avait là de quoi sortir du cercle des élus initiés pour nourrir une participation citoyenne, et partager avec les Portiragnais le processus de décision et surtout une réflexion sur les problèmes environnementaux auxquels nous devons répondre si nous voulons entrer réellement en transition.
(En outre, avec un sol perméabilisé on aurait presque pu imaginer le retour des pétanqueurs sur cette nouvelle esplanade…Enfin, là , faut pas rêver !)
La seconde concerne l’aménagement de Portiragnes. Nous convenons que le nouvel hôtel de ville est assez bien intégré aux équipements existants : city stade, tennis, médiathèque…La salle Jean Ferrat a même l’air d’avoir pris un coup de jeune.
Mais (il en faut toujours un), nous craignons que cet équilibre se fasse au détriment du cœur de ville dont nous connaissons les difficultés à vivre. Un nouveau bâtiment public, et encore davantage une mairie joue un rôle structurant dans une ville, un quartier. C’est reconnu, attendu et même parfois voulu. Ici, en l’occurrence, on peut s’inquiéter de l’éloignement de la mairie du centre encore commercial de Portiragnes. On peut même craindre que ce soit un coup définitif porté au commerce portiragnais déjà bien malade. Un café fermé, une cave à vendre, un boulanger sur le départ (à la retraite) … une poste qui n’intègrera pas les locaux de l’ancien hôtel de ville puisque ça ne rentre ni dans les projets de la direction régionale, ni pour l’heure, dans ceux de la majorité municipale. Ne reste pas grand-chose pour apporter une dynamique à ce centre qui subit les effets des nouveaux modes de vie. La question étant même maintenant de savoir comment l’intervention publique peut aider ces commerces à exister. Il va falloir une volonté politique forte, si nous voulons continuer de profiter de quelques commerces à Portiragnes. Tout peut aller très vite et il est plus qu’urgent (on a même trop attendu) de réfléchir aux possibilités de faire venir les Portiragnais dans le centre. Ils n’en ont plus guère l’occasion, et on pense là plus particulièrement aux familles, qui, logiquement, utilisent la médiathèque, la salle Jean Ferrat, le stade, l’école etc., mais ne fréquentent pas le centre-ville, car, pour de nombreuses raisons, ils n’y font pas leurs courses.
Le nouveau rond-point giratoire, ne facilitera pas une nouvelle dynamique bien au contraire, puisqu’il incitera les Portiragnais à entrer et sortir par la RD 612 où ils trouvent sur leur chemin la Ferme portiragnaise qui est fortement concurrentielle…
Le nouveau PLU est en cours d’élaboration. Il doit structurer l’aménagement de Portiragnes pour les 20 prochaines années sinon plus. Déjà , on peut regretter que la construction et la réflexion sur l’implantation du nouvel hôtel de ville n’ait pas été intégrées au PLU.
En 2012, le choix d’une nouvelle mairie a fait débat au sein du conseil municipal entre une nouvelle mairie excentrée, et le rachat de la maison en face de l’ex- mairie, choix porté par M. Exposito et quelques conseillers (d’après ce que l’on nous a rapporté). Le choix était déterminant au vu des enjeux et on regrette que les Portiragnais n’aient pas été invités à en débattre à l’époque.
Aujourd’hui, la majorité actuelle a opté pour une solution qui n’est pas sans conséquences pour le cœur de ville.
Il serait dommage de rater une nouvelle occasion de se mettre autour de la table avec les Portiragnais pour discuter et réfléchir avec eux des orientations du PLU. Il ne s’agit pas de les informer de ce qu’on a décidé pour eux ni de se contenter de l’enquête publique, mais de les intégrer à la réflexion sur l’aménagement futur de Portiragnes. Le jeu en vaut la chandelle. De nombreuses municipalités en France se sont lancées avec les habitants dans l’élaboration de leur PLU, parce qu’elles trouvaient là l’opportunité de donner tout son sens à la démocratie participative et de proximité, alors pourquoi pas nous, à Portiragnes.